samedi 16 mai 2009

Quelle que soit la librairie ou le supermarché, le rayon bien-être et développement personnel est de loin le rayon le plus dynamique, le plus riche, rivalisant avec les guides pratiques et touristiques, et surtout le plus surprenant. Dans ce rayon, vous trouvez côte à côte : des ouvrages de psychologie, des manuels de développement personnel, des bouquins de santé et de self-medication, des traités de psychanalyse, des livres d'ésotérisme, de magie, de divination, d'astrologie et surtout vous y trouverez des centaines de titres de spiritualité... Tout ça au même endroit et sous le label : bien-être.
Cette niche marketing bien connue des éditeurs est le terrain de prédilection d'un véritable phénomène de mode : le bouddhisme. Il y est représenté à toutes les sauces. Il n'y a pas un éditeur qui ne propose pas un livre sur le bouddhisme, sur la méditation bouddhique, sur le Dalaï-Lama, sur les rites Tibétains, les maîtres Zen, les moines asiatiques, toutes confessions confondues, les illuminés occidentaux qui ami de Sa Sainteté, qui confident d'un Rinpoché, qui témoin d'un Lama... Il y en a tellement que l'on ne sait plus où donner de la tête, des yeux et du reste.

C'est ce qu'ont bien compris les dirigeants de Buddhachannel france, qui propose sur le Web un site au nom et au suffixe accrocheur : bouddha.tv. Ça devait arriver, c'est fait. Le bouddha avait déjà un programme récurrent sur plusieurs chaînes de télé (à des heures matinales certes) et sur le service public radiophonique (France culture). Maintenant, avec Bouddha.tv, le bouddha et ses bouddhismes ont leur chaîne sur le Web. Reprenant le concept américain de buddhachannel et le ratissage tous azimuts d'un magazine comme tricycle, bouddha.tv se veut large, pluriel, accessible au plus grand nombre et permettant à tous de bénéficier des enseignements sacrés du bouddha et de ses disciples.
Quel avantage par rapport à la télé ?
Simple. A la télé, soit vous êtes devant votre poste au moment de la diffusion, soit vous avez un dispositif (enregistreur dvd, magnétoscope, disque dur vidéo) vous permettant d'enregistrer l'émission et de la regarder plus tard. La télé ayant une préférence très nette pour les émissions offrant la meilleure ouverture publicitaire, les programmes religieux de niche sont limités et relégués dans des tranches horaires matinales ou tardives, souvent empilés ensemble à la queue-leu-leu.
Sur le Web, c'est le paradis. Vous pouvez regarder des dizaines d'émissions quand vous voulez, à n'importe quelle heure, dans l'ordre que vous voulez et surtout sans être parasité par d'autres émissions religieuses. La pub est là mais elle ne vient pas saucissonner votre programme, ni le prendre en sandwich (enfin en théorie).

On devrait donc se réjouir de l'arrivée d'une WebTV sur le bouddhisme. Malheureusement notre bonheur sera de courte durée. Car le Web n'échappe pas aux règles de la publicité. Il faudra bien, faute de part sur la redevance télé et d'accès payant, encadré les programmes avec de la pub. Et la pub pour qui ? Et bien pour tous ceux qui occupent déjà le créneau Bien-être des rayons livres et des stands de presse. C'est là où le bouddhisme devient une marque, un branding pour parler à l'américaine, et disparaît derrière les nécessités du commerce et de l'exposition.
Il ne faut donc pas s'attendre à trouver sur Buddhachannel des textes sacrés, des expériences profanes ou encore des documents d'études du canon. En revanche, vous serez littéralement bombardés d'articles sur la santé, sur la psychologie (enfin si on peut appeler ça comme ça...), sur les mœurs contemporains, les problèmes et les phénomènes de société, les voyages des éminences monastiques, les expositions « culturelles » des courants les plus divers et les stages, conférences, allocutions, cours et autres formations les plus diverses sur des thèmes où la marque « bouddhisme » est imprimée mais où le contenu bouddhique à proprement parlé sera difficile à trouver.
En bref le buddhachannel français a bien compris la marchandisation d'un univers spirituel comme celui du bouddhisme. On y vend de tout, et surtout un hypothétique bonheur méditatif, que l'on trouvera sous la forme d'articles de moines de courants divers et souvent opposés, et que l'on pourra acheter (et oui !) sous la forme de livres, de compléments alimentaires, de produits « essentiels », de musiques et de colifichets variés qui sont autant de petits cailloux pour suivre le chemin du bouddha. L'ouverture d'esprit aidant, on trouvera aussi bien du bouddhisme que du Yoga, du Taoïsme, des techniques Ayurvédiques, des médecines douces (ou parallèles)... Tout est bon. Tout est vrai. Tout est... assez cher.

Alors que reste-t-il du bouddhisme dans un bazar comme bouddha.tv ?

Rien.

Le buddhachannel est comme un restaurant exotique. N'espérez pas y trouver du bœuf en daube ou une blanquette de veau. Pas même un petit steak-frites. Tout y est marqué suivant des codes pseudo-orientaux et une mythologie pseudo-bouddhique inventés par le marketing occidental pour avoir la saveur exotique, l'image exotique, le son exotique, et correspondre au concept de l'exotisme, mais cette fois appliqué à la vie spirituelle. Tout le monde porte le surplis, la corde, le chapelet, l'éventail et que sais-je encore, mais tout ça sent l'acétone et les produits chimiques de bas de gamme comme des jouets Made in China dans une foire à la farfouille.
Bouddha.tv représente tout ce que je déteste dans le bouddhisme à l'occidentale. Un fatras nébuleux de conceptions new-age mélangé à la sauce soja et présenté dans un bol en bois gravé d'une tête souriante les yeux mi-clos. Rien n'y est fait pour le quotidien des gens d'ici. Rien n'y est simple. Rien n'y est gratuit. Et le pire, c'est le sérieux et l'image de rigueur religieuse que véhicule le buddhachannel. Rien ne sonne plus faux que ces marchands de spiritualité de pacotille.
Le buddhachannel est un supermarché d'un type nouveau. Il est accessible à tous comme un supermarché, propose un choix étendu autant dans le nombre de marchandises que dans ses prix et n'exige aucun engagement de la part de ses consommateurs. Peu importe si les produits sont de mauvaise qualité, pourvu que le client s'y retrouve en termes de qualité/prix. Et puis la spiritualité, ça ne fait de mal à personne... Alors pourquoi ne pas en profiter un peu ? Gagner de l'argent n'est pas incompatible avec les enseignements du bouddha, n'est-ce pas ?

2 Comments:

  1. myoon said...
    La SGF (acsbn) le fait aussi,selon la loi de 1901 c'est une association à but lucratif.
    "Dangereusement activiste" ça te dit quelque chose?
    Oleg said...
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